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Gabriel Moiselet

(Puy-en-Velay 1885- Paris 1961)

Paysagiste et peintre décorateur

La Galerie Emeric HAHN présente un artiste qui, à première vue, ne s’intègre pas dans sa spécialité : Gabriel Moiselet. Mais le peu que l’ont retient de la production de l’artiste ne reflète pas la richesse de sa création. Ses paysages si présents dans les multiples expositions ont occulté la richesse de sa création. La Galerie Emeric HAHN s’attache lors de cette exposition à présenter les multiples facettes de l’œuvre de G. Moiselet paysagiste bien sûr, mais surtout décorateur, peintre de figures...

Gabriel-Marius-Adolphe Moiselet est né au Puy-en-Velay le 5 novembre 1885 (34 faubourg Saint-Jean) et décède à Paris le 10 février 1961 (Hôpital Broussais). Fils d’Hippolyte Moiselet et de Marie-Rosa-Antonie Donnat, tous deux fabricants de dentelles, la vocation du peintre doit sans doute être mise en rapport avec la famille de son père. Son grand-père, Louis Moiselet, fut l’un des architectes de la ville du Puy entre 1825 et 1854, ainsi que professeur aux cours d’art industriel créés par la Société académique du Puy. Ses oncles paternels, Henri et Alfred Moiselet, furent respectivement architecte et peintre en décors. Si le père de l’artiste ne s’oppose pas à la volonté de son fils, ce sera à la condition de garantir ses revenus par le professorat.

Entre 1900 et 1905, le jeune artiste étudie à l’Ecole municipale des beaux-arts de la ville du Puy, dans l’atelier de l’architecte Proy. C’est à l’âge de 20 ans que Moiselet remporte son premier succès en devenant lauréat du prix Crozatier[1] le 3 juillet 1905, bourse de trois ans qui lui permet de poursuivre ses études à Paris. Entre 1906 et 1914, le peintre est inscrit à l’Ecole des beaux-arts et fréquente les ateliers de Jean-Paul Laurens, de Luc-Olivier Merson et de Raphaël Collin[2]. Dans ses études artistiques Gabriel Moiselet obtient des succès encourageants, notamment dans les concours Sturler (esquisse à deux degrés), Rougevin (figure dessinée d’après nature) et Jauvin d’Attainville (paysage). Parallèlement, il se consacre à sa carrière d’enseignant. Entre 1908 et 1910, il est qualifié au grade de professeur de dessin dans les lycées et les collèges et enseigne dès lors, et ce jusqu’à l’âge de la retraite, dans les écoles de la ville de Paris. En 1930, il sera nommé professeur au lycée Chaptal et c’est à titre de membre émérite de l’éducation nationale et des beaux-arts qu’il sera fait chevalier de la Légion d’honneur en 1936. Désormais à l’abri des difficultés matérielles, Moiselet peut se consacrer pleinement à son art qu’il pratiquera toute sa vie.

Peintre de paysage, – ses nombreuses vues du Velay ont construit sa carrière et sa renommée –, Gabriel Moiselet est aussi portraitiste et surtout peintre décorateur, aspect plus méconnu de son travail. Entre 1928 et 1959, il se consacre à la décoration d’édifices religieux, tels que la chapelle Saint-Joseph de Verdun (1928) et de Vaux-Devant-Damloup (1933), mais aussi civils, ainsi la salle des Fêtes de la ville de Robinson (banlieue parisienne) sur les thèmes de l’Histoire de la Danse, puis de l’Histoire du Vrai Arbre (Robinson Crusoé) en 1959. En 1931, Moiselet est représenté à l’Exposition Coloniale Internationale de Paris avec plusieurs travaux décoratifs exécutés pour le Palais de l’Aéronautique (La Traversée de l’Atlantique nord), commande due à Laurent-Eynac, ministre de l’Air, compatriote et ami de l’artiste, mais aussi pour le Palais de l’Education Nationale (L’Activité dans les écoles supérieures de jeunes filles) et le Comité olympique. Ces décorations lui vaudront de remporter la médaille d’argent de l’exposition. En 1937, le peintre réalise pour le Pavillon du Massif Central des dioramas du Velay ainsi que deux fresques décoratives sur les thèmes de La Dentelle, parure de la femme et de la Joie de Vivre, récompensées par la médaille d’or.

Durant l’ensemble de sa longue carrière, Moiselet remporta de nombreuses récompenses et gratifications honorifiques. Exposant régulièrement au Salon des Artistes Français à partir de 1912, le peintre remporte de nombreuses médailles, ainsi que le prix Rosa Bonheur en 1933, le prix Bonnat en 1944, le prix des paysagistes français en 1947 et le prix Corot en 1948. Sociétaire des Artistes Français, il est classé Hors concours en 1952. Malgré une intense activité parisienne, Moiselet n’oubliera pas son pays natal et ses compatriotes et organisera chaque année au Puy-en-Velay une exposition de ses meilleures œuvres.

Artiste prolifique et protéiforme, traitant avec autant de talent les paysages du Velay, de l’Ile-de-France ou de la Bretagne que la grande peinture décorative, le portrait ou encore l’illustration, Gabriel Moiselet mérite sa place aux côtés d’artistes paysagistes tels que Victor Charreton ou de peintres décorateurs tels que Jean Dupas. En fonction de son sujet et de son support, la palette colorée et la touche du peintre s’adaptaient pour exprimer les âpretés et les rudesses de son pays natal, mais aussi ses accents virgiliens et sa douceur de vivre. Dans ses travaux décoratifs, Moiselet se montrait en revanche plus synthétique, adepte d’un dessin classique, sobre et mesuré et d’une couleur visant avant tout à harmoniser ses compositions dans leur espace.



[1] Institué par un legs, le prix Crozatier du nom de son auteur Charles Crozatier, est décerné sur concours à tout élève architecte, sculpteur ou peintre de l’école municipale du Puy désirant poursuivre ses études à Paris. Le prix consiste en une allocation pendant trois ans d’une pension annuelle d’un montant de 2 170 francs à laquelle la ville du Puy ajoute une indemnité provisoire annuelle de 2 830 francs.

[2] Archives nationales, AJ52 314.

 
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